Le Montreux Jazz Festival rend hommage à SUN Records

7 juillet 2001, cette nuit il y a eu une tempête….
Je décide de partir tôt afin de profiter d'un week-end complet sur Montreux. Le Festival de Jazz a commencé et ce soir c'est fête à l'auditorium Stravinsky.

En effet, Claude Nobs a eu l'idée de nous offrir une soirée hommage à Sun Records, légendaire label de Memphis fondé par Sam Phillips en 1951. Il enregistra avant tout le monde un nombre incalculable d'artistes qui allaient devenir des légendes du western-swing, de la country, du rythm'n'blues, du blues, du gospel et…du rock'n'roll.
Cet homme allait être le premier dans cette Amérique ségrégationniste à enregistrer aussi bien des musiciens noirs que blancs.
Son rêve ultime étant de dénicher un artiste blanc sachant chanter comme un noir….
Le 5 juillet 1954, un jeune homme répondant à ce critère enregistrait dans le studio ensoleillé de Sam " That's all right mama " d'Arthur " Big Boy " Crudup (un blues) et " Blue moon of Kentucky " de Bill Monroe (un morceau country). Il s'agissait d'Elvis Presley, on connaît la suite….

Putain de tempête, je mets près de 3 heures à traverser Bâle, après ce sera cul à cul sur l'autoroute. Il y a des branches partout, le temps défile je vais être à la bourre.
J'arrive enfin à Montreux, je me gare à l'arrache devant le palais des Festivals et ne prends pas le temps d'admirer le Lac Léman, je me précipite vers le service de presse.
J'y récupère mon pass et me rencarde " Euh, y'a moyen de rencontrer les artistes ? ".

Une poignée de minutes plus tard et me voilà sur une chaise en salle de presse, devant moi une brochette de légendes :

• Billy Lee Riley (pionnier Sun),
• Sonny Burgess (pionnier Sun),
• Little Milton (pionnier Sun),
• Chris Spedding (guitar-hero voir son interview sur ce même site, Nda)

et le mythique duo fondateur du groupe Led Zeppelin à savoir : Robert Plant et Jimmy Page

Tous rendront hommage à Sun Records ce soir.

Le dialogue s'instaure entre les vedettes et les quelques journalistes présents (mais c'est que je suis le seul français…).
L'émotion est à son comble. Quelques minutes plus tard un type s'installe à côté de moi. Il s'agit du non moins légendaire bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman qui ouvrira la soirée avec ses Rythmn Kings. Nos chemins se recroiserons plus tard (voir son interview sur ce même site, Nda).

La conférence de presse s'achève. Je salue quelques protagonistes de la soirée, et vais me restaurer en attendant le concert.

L'heure H arrive enfin, c'est Bill Wyman & The Rythmn Kings qui ouvrent le bal. Excellente prestation d'une heure complètement dans l'esprit, je me régale.
Je serai plus réservé quant au passage de Brian May (guitariste du groupe Queen). Il essaye avec des pseudos choristes doo-woop de recréer l'ambiance originale mais la machine tourne à vide, on oublie….

Entre temps il y eu Jimmy Page et Robert Plant avec des reprises de morceaux d'époque traités de façon acoustique. Je les trouverai plus convaincants quelques mois plus tard sur le disque produit par Ahmet Ertegun (par ailleurs présent lors du concert) avec leur version de "My Bucket's Fot a Hole in It " (album " Good rockin' tonight - the legacy of Sun Records " sur London Records, vivement conseillé, Nda) .

L'apothéose sera de taille avec la venue sur scène de Sonny Burgess, Little Milton et Billy Lee Riley accompagnés par un superbe groupe mené par l'incontournable Chris Spedding à la guitare dans lequel nous retrouvons une série de musiciens d'exception ; Jon Cleary (piano), Ray Herrmann (saxophone), Bernie Dresel (batterie), John Hatton (contrebasse).
Une jam session finale clôturant cette nuit de folie aux premières heures du matin….

Nous sommes le dimanche 08 juillet 2005, la tête pleine des images de la veille, j'erre sur les rives du Lac Léman en pensant à Sam Phillips déjà malade, le grand absent de la soirée.
Je me dirige vers la salle de presse pour y récupérer la bio de Bob Dylan qui se produit ce soir (ouaps, décidément quel week-end !).

Sur place je tombe nez à nez avec Sonny Burgess, histoire de vivre quelques minutes anthologiques supplémentaires.
Le vieux pionnier du rock me demande si le concert de la veille m'a plu.
Ma réponse fût claire : " C'est simple Sonny, cette nuit il y a eu une tempête ! ".

David BAERST